Réalisation

INTENTION DE REALISATION

·    CURSUS
Nous avons tous les trois suivis le même cursus : au sein du pôle de formation à l'image (Magelis) en documentaire de création (CREADOC). Benoît a aussi suivi une formation en animation (EMCA).
Nous nous sommes rencontrés au CREADOC d’Angoulême en 2008. Au cours de nos deux années d'études communes, nous avons appris à travailler ensemble à des postes différents selon les films (image et son pour Alexandre et Marion, animation pour Benoît).
C’est également dans  ce cadre que nous avons rencontré le peintre Melain N'Zindou et que nous avons réalisé un court-métrage, Esquisse, première expérimentation sur les différentes techniques utilisées, mêlant le documentaire et l'animation.
Esquisse nous a permis de tester nos idées, de vérifier l'incrustation de l’animation et de concrétiser nos envies. Nous avons travaillé parallèlement le montage image, le montage de l'animation et le montage son.

·         TABLEAUX DE TERRE

Le projet Tableau de Terre a été écrit à trois, puis Alexandre Poulteau et Marion Valadier en seront les réalisateurs au moment du tournage. Chacun de nous aura également un rôle spécifique : Marion Valadier sera en charge du cadre, Alexandre Poulteau du son, tandis que Benoît Maire sera chargé des photos fixes et de l'animation.

En suivant Melain N'Zindou, nous allons suivre un peintre qui, comme tout créateur d'images, revisite et réinvente la réalité. Notre intention première est de filmer son voyage. Le film, en allant de Brazzaville au Likouala, donnera à voir des paysages et des atmosphères contrastées. En quittant l’agitation urbaine, nous irons à la rencontre de territoires de plus en plus vastes. Et nous découvrirons des lieux de moins en moins densément peuplés. Le cadrage privilégiera ainsi, à certains moments, des plans de plus en plus larges. Le rythme sera de plus en plus lent, le film de plus en plus contemplatif. Les rues bondées de Brazzaville laisseront place à la quiétude de la campagne et des champs du Pool. Pour terminer dans la forêt du Likouala, notamment pendant la traversée du fleuve – la majeure partie du trajet se fera en voiture mais la forêt, au bout du périple, n’est accessible qu’en bateau. Puis arrivé dans la forêt dense, les plans se resserreront sur Melain et sa rencontre avec les Pygmées. Cette attention à l’espace fera contre-champ au regard et aux émotions de Melain : la joie de retrouver les lieux de son enfance dans le Pool, l’émerveillement en découvrant des lieux qu’il ne connaît pas, comme au Likouala.

Nous nous attacherons, à travers le son et l’image, d’inscrire les individus dans leurs environnements, en créant des espaces sonores riches, en contextualisant chaque rencontre, en filmant les lieux avec attention et en privilégiant des cadres assez larges. Les gros plans sur les visages seront plus rares. La plupart du temps, il s’agira de gros plan de Melain Nzindou car c’est bien à travers lui que nous découvrons le Congo.

Nous voulons suivre l'artiste-peintre au fil de ses rencontres et des lieux qu'il va traverser et qu’il peindra sur place. Les croquis sont comme les aventures secrètes d’un peintre itinérant. C'est l'essence même des carnets de voyage. C’est pourquoi, en plus de scènes en prises de vue réelles et des photographies, nous voulons utiliser au maximum les possibilités que nous offre l'animation.

Nous travaillons depuis plus d’un an avec ce peintre. Notre entente, stable, nous donnera la même relation privilégiée au Congo que celle que nous avons en France. Melain N'Zindou est le personnage principal de notre histoire. C’est à travers lui que nous rencontrerons les différents protagonistes du film. Il sera leur interlocuteur privilégié. Marion, derrière la caméra pourra cependant intervenir pour approfondir certains points.

Des lieux et des rencontres, vont émerger des histoires, des anecdotes. Le passé trouble du pays apparaîtra progressivement, par touches subtiles : au détour d’une rue, par exemple, on verra peut-être un mur criblé de balles, ou un char abandonné, ou les ruines d’une maison bombardée ; on verra aussi le contre-champ de cette violence sur les gens, l’organisation sociale, les campagnes ; toutes les cicatrices de deux violentes guerres civiles qui demeurent visibles encore aujourd’hui.

·         L’IMAGE

En France comme au Congo, Marion Valadier assurera in situ la prise de vue et Alexandre Poulteau la prise de son. Nous privilégierons le style cinéma direct : caméra à l’épaule la plupart du temps, mais avec de nombreux plans fixes, (et/ou des photos) de façon à renforcer le propos et à pouvoir incruster l’animation née des croquis du peintre. 
           
·         LE SON

Le son dans ce documentaire est primordial.
Le film ne comportera pas de commentaires et privilégiera les voix captées « en situation ». Il n’y aura que les voix de Melain Nzindou et de ceux qu’il rencontrera.
Alexandre Poulteau a déjà réalisé des documentaires sonores et est fortement sensibilisé au son en tant qu’élément structurant du film : les sons directs et les bruitages seront pour nous les éléments d'une palette avec laquelle nous pourrons jouer, comme  autant d'échos des coups de pinceau du peintre.
En dehors de la prise de son directe, liée à l’image, Alexandre Poulteau recueillera une base de données sonores afin de recréer les différents environnements rencontrés pendant le voyage, quitte à prendre des libertés avec certains sons et à les détourner pour mieux entrer dans l’univers du peintre : le son du pinceau que l'on trempe dans un verre pourra ainsi accompagner le mouvement d'un enfant qui sort de l'eau etc...

·         L’ANIMATION

Benoît Maire fera part de ses recommandations à Alexandre Poulteau et Marion Valadier pour les besoins spécifiques de la partie animation, en son comme en prise de vue réelle. Il constituera, tout au long du tournage, une base de données suffisante pour permettre la réalisation de l’animation.
Celle-ci sera composée de prises de vue réelles, de photos fixes en vue d’y incruster des animations. Les photographies seront prises en continu durant les instants de création. Cette base de donnée comprendra aussi les prises photographiques de diverses œuvres de Melain N'Zindou réalisées sur place (croquis, toiles, sculptures). Ces « suites d’images » seront utilisables en vue d’être animées ultérieurement en pixilation.

- La pixilation est une méthode consistant à photographier continuellement une action. Ici il s’agira de photographier ce que Melain N'Zindou dessine ou peint. Une fois montées, les photos donneront, pas à pas, le secret de la réalisation des tableaux. Cette technique permet de  rendre compte d'une multitude de façons de faire, de se tromper et de se rattraper :  la vision d'un peintre s'explore par d'innombrables esquisses qui, comme les notes d'un écrivain, sont les futures graines de l’œuvre.
            - L'animation par ordinateur nous permet de mélanger prises de vue réelles et animations virtuelles d'après les tableaux de Melain : c'est la technique de l'incrustation. On peut par exemple animer un cycliste[1] peint par l'artiste et l'intégrer dans un plan dit "réel". Cela ouvre la possibilité d’associer le réel et le monde du peintre. Cet effet nous semble judicieux et nécessaire pour entrer dans la réalité de Melain N'Zindou.
            - Des séquences en full anim seront crées à partir des dessins du peintre. Faire le portrait des personnes qu’il rencontre est l’occasion pour Melain de les questionner et d’entendre leurs histoires. L'idée est de faire des animations à partir des dessins de Melain pour raconter ces récits, en lieu et place d’un simple carnet de voyage "classique" mêlant textes et croquis. Il faudra donc anticiper sur place la matière nécessaire en termes de croquis et de prises sonores pour réaliser ces séquences.
            
 L'animation nous offre ainsi des moyens originaux et pertinents pour raconter l'histoire de Melain N'Zindou.



[1] cf “esquisse”